[Littérature] La Malnata – Beatrice Salvioni

Un premier roman intéressant mais qui manque de profondeur, de conviction, d’émotion; il s’en dégage comme un sentiment de voir raconter l’Histoire et l’histoire plutôt que la vivre, une envie de dire quelque chose plutôt qu’avoir vraiment quelque chose à dire.

Pour moi, l’intérêt principal du roman réside dans les réflexions autour de la religion et l’idolâtrie du Duce (aka Mussolini) ainsi que le contexte (la guerre d’Abyssinie, le Grand Prix de Milan…) plus que dans l’amitié et la révolte de Francesca et Maddalena (auxquelles je n’ai d’ailleurs pas vraiment réussi à m’attacher).

Sans doute l’ai-je lu au mauvais moment : je venais à peine de finir la saga d’Elena Ferrante et malheureusement La Malnata a souffert de la comparaison — il y a beaucoup de scènes similaires entre les deux, sans parler de la fascination exercée par Maddalena sur Francesca et tout le quartier.

Pas un coup de cœur, mais pas une déception non plus; une lecture somme toute agréable, avec de bonnes idées (notamment l’utilisation explicite du dialecte dans le texte) mais qui, malheureusement, sera aussi vite oubliée qu’elle aura été lue.

La Malnata – Beatrice Salvioni | Albin Michel – 2023

« La Malnata – la mal née – était en bas sur la rive du Lambro avec deux garçons que je ne connaissais que de nom. Ils avaient tous les deux des pantalons courts et les genoux écorchés, et pour elle, cette fille qui leur arrivait tout juste à l’épaule, ils auraient affronté la mitraille comme les soldats qui s’en vont à la guerre, en disant ensuite au Seigneur : Je suis mort heureux. »

Phénomène littéraire, révélation d’une voix unique, récit puissant où le passé fait écho au présent : « La Malnata » marque l’entrée en littérature de Beatrice Salvioni, vingt-six ans, dont le roman est publié simultanément dans plus de vingt-huit pays.

Ce roman d’apprentissage au féminin raconte l’amitié intense et émancipatrice de deux adolescentes dans l’Italie fasciste. Deux adolescentes que rien ne destinait à la rencontre – l’une est issue de la bourgeoisie, l’autre des milieux populaires – qui vont trouver, à deux, le courage de se révolter contre la morale sociale et la violence des hommes.