[Littérature] L’amie prodigieuse – Elena Ferrante

Sur les bons conseils d’un ami, j ‘ai lu il y a quelques semaines L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante et c’était… prodigieux. Un vrai coup de cœur ! C’est tout à la fois un roman historique, psychologique et social, résolument bien construit et absolument captivant.

– C’est pourtant bien de discuter avec les autres.
– Oui, mais seulement si tu parles à quelqu’un capable de te répondre.

Il se passe à la fois énormément et peu de choses, mais c’est raconté de telle façon qu’on ne peut que tourner les pages sans répit. L’écriture est simple (mais pas simpliste), précise et sans fioritures. Lenù raconte son enfance avec un regard d’adulte mais un ton d’enfant. Malgré tout, l’intelligence et la vivacité d’esprit aussi bien de Lenù que de Lila transparaissent à chaque ligne. Les descriptions riches en bruits et odeurs insufflent encore plus de vie à un récit déjà bouillonnant et l’on se sent littéralement transportés dans le Naples de Lenù et Lila.

C’était comme si, par quelque vilain tour de magie, la joie ou la douleur de l’une impliquaient la douleur ou la joie de l’autre.

Si l’amitié entre Lenù et Lila semble belle et désirable, pour ma part, je l’ai surtout trouvée malsaine. Il y a une admiration mutuelle, mais qui semble prendre source dans la rivalité et la jalousie qui existent entre elles. Elles font continuellement face à un sentiment de supériorité et d’infériorité. Elles ont besoin de se prouver qu’elles sont meilleures l’une que l’autre, que ce soit en faisant mieux ou pire que l’autre.  Mais en même temps – et c’est ce qui se rend leur relation conflictuelle aussi fascinante – elles se poussent mutuellement à se dépasser et font preuve d’une solidarité sans pareil.

Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. C’était la vie, un point c’est tout : et nous grandissions avec l’obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile.

Bien que Lila et Lenù soient au cœur du roman, on fait aussi la rencontre d’une multitude de personnages qui se croisent et se décroisent. À travers le regard de Lenù, on suit le quotidien d’un quartier pauvre où tous sont en quête d’ascension sociale mais se retrouvent souvent rattrapés par leur condition sociale. C’est un roman d’amitié, mais aussi une étude sur la condition des femmes et les inégalités sociales à l’époque (je dis « à l’époque », mais sur certains points, la situation n’a pas beaucoup évolué).

En quelques mots : un premier tome passionnant et saisissant.

L’amie prodigieuse – Elena Ferrante | Folio – 2016

Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Bien qu’elles soient douées pour les études, ce n’est pas la voie qui leur est promise. Lila abandonne l’école pour travailler dans l’échoppe de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice, ira au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies se croisent et s’éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition.

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