Le 4 juin 1836, la Cathédrale de Chartres subit l’un des plus violents incendies de son histoire. Si par chance aucune victime humaine ne fût à déplorer, il y eut cependant de grandes pertes matérielles : la charpente en bois de châtaigner, la couverture de plomb et les cloches, l’intérieur du clocher nord et certains de ses ornements furent détruits.
L’incendie se déclencha en milieu d’après-midi, mais l’alerte ne fût donnée que bien plus tard, sur les coups de 18h30. L’enquête révéla l’origine accidentelle de l’incendie : des ouvriers effectuant des réparations sur la toiture ont eu l’imprudence d’allumer leur cagnard1 près d’une porte ouverte ; le vent fit alors son office et emporta des étincelles vers la charpente.
Les pompiers, aidés de la population, tentèrent de circonscrire l’incendie avec tous les moyens à disposition mais le feu, activé par le bois sec et le vent violent ne cessa de s’étendre d’un bout à l’autre de la toiture.
La couverture de plomb finit par céder ; le feu attaqua l’intérieur du clocher nord avant de gagner la charpente du clocher sud au cours de la soirée, les cloches fondirent ; des chutes de bois et de fer menaçant le chœur, on l’inonda afin de limiter les dégâts.
La toiture désormais perdue malgré leurs efforts, les autorités décidèrent de reporter leurs efforts sur les quartiers alentour, menacés par les débris enflammés poussés par le vent qui continuait à souffler : les résidents de l’Hôtel Dieu furent évacués, ainsi que les meubles et marchandises précieux ; on protégea les toitures des maisons avec des couvertures mouillées.
Vers 10h le matin du 5 juin, le feu apaisé, l’incendie prit fin. La forêt était détruite mais les flèches et la voûte avaient résisté. L’heure était désormais à la reconstruction.
Nouvelle toiture
Si estimer le coût des travaux et trouver les fonds nécessaires prirent du temps, les matériaux pour la nouvelle toiture s’imposèrent rapidement : fer et fonte pour le grand comble, cuivre pour la couverture – des matériaux estimés solides, durables et incombustibles. La nouvelle couverture est composée de 11 000 plaques de cuivre, pour une surface de 5125m2. Les travaux de restauration s’achevèrent en 1841, cinq ans à peine après l’incendie.
Si la couverture a perdu sa belle couleur cuivrée d’origine au profit d’un vert-de-gris sous l’effet de l’oxydation, elle n’en reste pas moins spectaculaire ; le grand comble quant à lui vaut bien l’ascension des 300 marches nécessaire à sa visite.
L’incendie dans l’art
François Pernot présenta au Salon de 1837 un tableau commémorant l’incendie de la cathédrale.
Cette huile sur toile aux dimensions impressionnantes (178cm de haut pour 260cm de large) est exposée au Musée des Beaux-Arts de Chartres. Malheureusement, le tableau est généralement accroché en haut d’un escalier, inaccessible, et ne peut donc être admiré dans toute sa splendeur.
À certaines occasions, il est exposé dans une des salles du bas du musée, ce qui permet alors au public de l’examiner dans le moindre détail.
Avant lui, Charles Fournier-Désormes avait déjà apporté sa contribution au souvenir avec son tableau de dimensions plus modestes mais tout aussi remarquable.
Pour aller plus loin :
- Sorte de réchaud utilisé pour faire fondre les soudures ↩︎