[Théâtre] Clara Haskil, Prélude et Fugue

Il y a quelques semaines j’ai eu le plaisir d’assister à la pièce Clara Haskil, Prélude et Fugue au Théâtre de Chartres. Et quelle magnifique soirée ce fût.

Seule en scène, Laetitia Casta interprète Clara Haskil, pianiste roumaine prodige, qui aura traversé deux guerres mondiales, amie de Charlie Chaplin et dont la reconnaissance internationale ne sera venue que bien tardivement. Serge Kribus nous raconte le destin extraordinaire de cette artiste singulière dont le génie aura marqué l’histoire de la musique du XXe siècle.

Si le texte en lui-même manque quelque peu de poésie, cette absence est comblée par la finesse de la performance de Laetitia Casta. En plus de Clara, cette dernière incarne sa mère, sa sœur, son oncle, médecins, maitres de musique, mécènes… ces femmes et ces hommes qu’elle aura croisés au cours de sa vie. D’une réplique à l’autre elle devient un tout autre personnage. Malgré tout, le spectateur n’est jamais perdu : grâce au ton, à la posture, au regard, on comprend quel personnage parle. C’est remarquable.

Laetitia Casta est accompagnée au piano par Isil Bengi, double de Clara et de divers autres personnages secondaires. La mise en scène sobre de Safy Nebbou s’accorde à la grâce du jeu de l’actrice autant que celui de la pianiste. Au final, une pièce pleine de sensibilité et d’émotion, une véritable performance artistique de la part de Laetitia Casta et Isil Bengi.

Je n’avais pas eu un tel coup de cœur pour une pièce de théâtre depuis bien longtemps. La pièce revient au Théâtre du Rond-Point à Paris, courant mars, et je vous encourage vivement à y aller si l’occasion se présente.

L’histoire :
Clara, ou la simplicité sonore d’un beau prénom latin. Rayonnant, transparent, il dit l’éclat et la lumière. Son ami Charlie Chaplin a confié un jour qu’il n’avait rencontré que trois génies dans sa vie : Einstein, Churchill et Clara Haskil. Elle a été l’une des plus grandes pianistes du XXe siècle. Pourquoi ? Qui peut le dire ? Son talent est une grâce qui brille dès l’enfance, et qui se manifeste avant qu’elle ait appris à lire. Une soixantaine d’années plus tard, après d’innombrables épreuves, elle est enfin reconnue à sa juste valeur, multiplie les concerts, voyage dans le monde entier. Et pourtant, elle semble n’avoir jamais changé, à peine bougé. Le génie, a dit Baudelaire, n’est que l’enfance retrouvée à volonté ; mais Clara Haskil, elle, qui n’eut jamais d’enfants, paraît parfois n’avoir pas même besoin de retrouver une enfance qu’elle n’a jamais perdue. Laetitia Casta se glisse dans les mots de Serge Kribus pour incarner Clara Haskil, une femme modeste, sincère, drôle, au talent exceptionnel.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur On Your Left

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading