Titre : Quand j’étais Jane Eyre
Auteur : Sheila Kohler
Editeur : La Table Ronde / Quai Voltaire
Résumé : Dans le calme et la pénombre, au chevet de son père qui vient de se faire opérer des yeux, Charlotte Brontë écrit, se remémore sa vie, la transfigure. Elle devient Jane Eyre dans la rage et la fièvre, et prend toutes les revanches : sur ce père, pasteur rigide, désormais à sa merci, sur les souffrances de son enfance marquée par la mort de sa mère et de deux soeurs aînées, sur sa passion malheureuse pour un professeur de français à Bruxelles, sur son désespoir face à son frère rongé par l’alcool et la drogue, sur le refus des éditeurs qui retournent systématiquement aux trois soeurs Brontë leurs premiers romans, envoyés sous pseudonymes…
Parlons peu, mais parlons bien : je n’ai pas aimé. Voilà, c’est dit, je vous autorise à quitter la salle.
Avec un tel titre et un tel résumé, la fan de Jane Eyre qui est en moi a sautillé de joie – mais elle a bien vite déchanté au bout de 20 pages.
Premier soucis : c’est long. Le roman ne fait que 250 pages avec des grandes marges, une police 12 (au moins) et 30 lignes par page. Autrement dit, c’est court. Sauf que moi, j’ai trouvé ça long. Et lent. Le roman se divise en trois parties : Manchester 1846, Haworth 1846-1848 et Londres 1848-1853; sauf qu’il y a tellement de flashback et de digression qu’on ne sait jamais où on est, ni quand on est.
Deuxième soucis : le style. Alors soit, c’est bien écrit, plein d’envolées lyriques, de figures de style bla bla. Sauf que : elle est où Charlotte ? Parce que bon, le plus gros du roman est quand même censé être écrit du point de vue de Charlotte – autrement dit, l’auteure du sublime Jane Eyre. Sauf qu’à aucun moment je n’ai retrouvé ce style si particulier et troublant que j’admire tant. Certes, je me base sur une traduction (j’ai aussi lu Jane Eyre en français pour info), mais le résultat reste le même : j’ai trouvé l’ensemble lourd et – paradoxalement – plat malgré les envolées lyriques de l’auteur/traducteur.
Troisième soucis : l’histoire. J’y ai été insensible du début à la fin. Ah c’est terrible, mais impossible de rentrer dedans (sans doute à cause du deuxième soucis). Je n’ai fait que tourner les 260 pages sans conviction, par curiosité et dépit (je n’aime pas arrêter un roman en plein milieu) mais pas par plaisir. Pourtant, le concept me plaisait : raconter à travers les yeux de Charlotte et de son entourage ce qui a conduit à l’écriture et à la publication de Jane Eyre. Sauf que les pensées de l’entourage sont minimes et personnellement, je me serais bien passée des passages sur les plaisirs nocturnes de l’infirmière ou bien de la nuit de noce des parents (non vraiment qu’est-ce que le point ??). Le pire étant que j’ai trouvé la Charlotte de Sheila Kohler bornée, égoiste et jalouse. Et ne parlons pas de la fin : je sais que c’est ainsi que les choses se sont à peu près passées mais la façon dont c’est raconté, entre l’éditeur et l’ami de la famille, j’ai bien cru un instant revoir Miss Potter…
Tout cela est bien dommage car l’idée de départ me plaisait bien : comment Charlotte Brontë a eu l’idée d’écrire Jane Eyre, sur quels moments de sa vie s’est-elle basée, d’où lui est venue l’inspiration pour tel ou tel personnage… Et au final, ce sont ces quelques passages qui m’ont le plus intéressés.
Je crois que dans le fond je m’attendais à lire un roman dans la veine de Miss Charity mais avec un côté plus historique et la réalité l’emportant sur la fiction. Sauf que non : Sheila Kohler qualifie carrément les personnages de fictifs ! Genre, Charlotte Brontë est un personnage fictif ??? Ok c’est un roman donc fictif d’office, mais tous les gens mentionnés ont réellement existé ! Alors non ils ne sont pas fictifs, nous avons quand même entre les mains une biographie romancée ! Il aurait fallu leur donner d’autres noms pour que vraiment on les considère comme purement fictifs.
Enfin voilà, une déception pour moi malgré ses qualités (car oui il en a, mais pas suffisamment pour qu’il me plaise). Cependant, j’insiste, ce n’est que mon avis : les avis dithyrambiques fleurissent sur la toile et j’ai bien l’impression d’être l’une des rares à ne pas avoir aimé (la seule ?) aussi je vous conseille de le lire quand même – pour vous faire votre propre avis 🙂
Lu grâce à Babelio pour Masse Critique.
Ce livre nous propose une investigation psychologique des motivations de trois auteurs, Charlotte, Emily et Ann Brontë.
Je déteste les biographies, et plus encore celles qui sont des reconstitutions « de chic » de la psychologie d’un auteur, ou d’un artiste et prétendent expliquer leur œuvre par leur vie.
Ce livre a cette ambition, de mettre en parallèle d’une part les frustrations, les amours, les malheur de vies marquées par la mort et le morbide et d’autre part les ressorts de la création littéraire.
C’est ce point de vue qui me semble contestable. La vie des auteurs est ce qu’elle est. Ni plus ni moins intéressante que la nôtre ou celle de nos voisins. Un roman est une aventure intellectuelle, imaginaire et sensible qui dépasse largement le plan du simple ressassement que ferait l’auteur de sa vie.
Je ne saisis donc pas nettement l’intérêt qu’il y a à tenter d’aborder un écrivain par la connaissance, ou pire, la reconstitution historique de sa vie, en le mettant en scène, en particulier dans son acte d’écriture. Parce que probablement, de ses motivations intimes, nous ne pourrions jamais venir à bout ; et que ce qui nous reste essentiellement, c’est son œuvre.
Lisons donc l’œuvre des sœurs Brontë. Elle seule est intéressante. Lisons Wurthering Heights, ou Jane Eyre, et laissons les morts là où ils sont.
Le travail de Sheila Kohler s’apparente pour moi à la nécrophagie, et consiste à se faire une gloire littéraire sur le dos des morts, sans pour autant nous révéler la grandeur de leur œuvre.
Le seul intérêt que j’ai trouvé à ce livre est sa composition, et sa lecture à plusieurs voix ; le fait d’envisager le récit selon plusieurs points de vue, en donnant alternativement la parole à l’une ou l’autre des protagonistes, forme un ensemble vivant et agréable à lire.
Bref tout l’opposé de la complexité et de l’âpreté des œuvres des trois sœurs…
Ah pas bête, j’avais pas pensé au fait que ça rentrait pile dedans ! Je rajoute le logo 🙂
Et oui, mieux vaut lire leurs œuvres avant autrement, tu risques te faire spoiler !
tu ne veux pas le rajouter au challenge victorien ? 😀 pour le lire, je ne sais pas trop si ça me plairait je vais commencer par les oeuvres des soeurs Brontë
Comme je disais, ce n’est qu’un avis personnel, jusqu’à présent, je suis la seule à ne pas avoir aimé ! Donc bien évidemment, j’approuve ton idée de lire quelques pages pour te faire une idée 🙂
Ah oui, sur ce point, je suis d’accord avec toi : on découvre les grandes lignes de la vie des sœurs Brontë sans pour autant devoir lire une biographie heure par heure de leur vie !
Ah, j’ai vraiment pas compris ce que ça apportait à l’histoire ça…
Je ne m’attendais pas non plus à retrouver totalement le style de Charlotte Brontë, mais un minimum quand même vu que ses pensées sont quand même les plus importantes. Mais de toute façon, style de Charlotte ou pas, j’ai trouvé le tout très lourd…
Ah oui pour le coup, je ne suis absolument pas enthousiaste ! J’ai eu plus d’une fois envie de le lâcher, mais comme je n’aime pas lâcher un livre en cours de route, je l’ai fini. Et ça c’est pas arrangé par la suite.
Et si ce n’est que ça, je peux facilement te le prêter si tu veux ! (mais tu as sans doute d’autres lectures bien plus passionnantes qui t’attendent ^^)
J’avais envie de le lire mais ton avis me refroidit un peu. Si je croise sa route en librairie, je lirai quelques pages pour me faire une idée plus précise. Mais pour le moment, il recule dans ma liste de livre à acheter.
j’ai lu ce livre aussi, et, sans dire que c’est un coup de coeur, j’ai bien aimé, notamment pour ce qu’il nous fait découvrir de la vie de charlotte bronte. En fait, je crois que j’ai plus lu “entre les lignes ” qu’autre chose
Tiens, moi aussi je me serais passée des trips solitaires de l’infirmière… mais bon, en gros, ça m’a beaucoup plu tout de même. Je n’ai par contre pas cherché à retrouver l’écriture de Brontë… c’est peut-être ce qui a aidé (mais je l’ai lu en anglais alors je ne peux pas comparer, en fait…)
Et bien, voilà un avis qui répond à la question : « vais-je me laisser tenter ? ». Je sais, je sais, je devrais lire d’autres avis… mais tu es, de manière générale, tellement plus enthousiaste que moi sur des taaaaas de livres / films / séries que non, définitivement non, à moins d’un prêt, ce sera non. D’autant plus que certains aspects négatifs me semblent rédhibitoire pour ce que je pourrais attendre de ce bouquin.
Merci !
Oui lis d’autres avis ! Comme je disais, ceci n’est que mon avis personnel et les critiques positives pleuvent !
Oui j’ai lu *L’Affaire Jane Eyre* et j’aime ce livre, il est vraiment excellent !! Toutes les aventures de Thursday Next sont géniales. Tu vas passer un très bon moment =)
Je viens juste de terminer de lire Jane Eyre, et le roman est devenu number 1 de mes lectures favorites ! Je pensais bientôt m’attaquer à un bouquin de la paralittérature, mais ton avis sur Quand j’étais Jane Eyre me freine un peu ^^ j’irai lire d’autres avis avant de me lancer ^^ Par contre j’ai acheté L’Affaire Jane Eyre, de Jasper Fforde : l’as-tu lu ?