Je me suis lancée dans Lock & Mori avec curiosité mais malgré tout à reculons, notamment à cause de l’accroche “Et si avant de devenir ennemis, Sherlock Holmes et “Miss” Moriarty avaient été un peu plus qu’amis ?”. J’avais peur de me retrouver face à une énième série young adult où la bluette de nos héros s’avérait être au final le point central de l’intrigue. Et bien il s’est surtout avéré que Lock & Mori a été mon gros coup de cœur young adult de 2016 !
Transposer Sherlock Holmes et James Moriarty dans un lycée du 21ème siècle et faire de James Moriarty un personnage féminin (ce dernier étant l’un des personnages de fiction les plus intéressants)(et oui, la prestation d’Andrew Scott est pour beaucoup dans ma fascination pour ce personnage), voilà deux éléments qui ne pouvaient que m’intriguer et pour lesquels je me devais de découvrir cette histoire malgré mes réserves. Sherlock et Mori ne s’étaient jamais parlé jusqu’à ce que l’alarme incendie oblige Mori à aller chercher Sherlock au laboratoire du lycée et que leurs errances nocturnes les mènent sur une scène de crime. Leur curiosité et leur intelligence acérée va les pousser à mener l’enquête de leur côté et à leur façon – the game is on ! Ce qui au début n’était qu’un jeu, une façon de tester leur intelligence va vite prendre un tournant bien plus personnel et dramatique. Si l’on se doute assez tôt de qui est le meurtrier, son mobile est quant à lui surprenant et imprévisible !
Toute l’histoire personnelle autour de Mori me semblait un peu too much sur les premiers chapitres, mais j’ai vite compris que c’était là le sujet principal du livre : les ravages de l’alcool, la maltraitance, la famille… Des thèmes actuels, qui touchent beaucoup de personnes et qui ne sont suffisamment pas abordés – s’il faut pour cela faire appel aux personnages classiques ou de pop culture, soit. Du moment que c’est bien fait. Et je dois dire que là, c’est bien fait. Un bémol cependant : l’intrigue autour du passé de la mère de Mori – qui elle est vraiment too much et m’a passablement ennuyée.
La grande force de Lock & Mori réside incontestablement dans les personnages. Je me suis tellement attachée à Sherlock et Mycroft dès leurs premières répliques – et s’il m’a fallu un peu plus de temps pour réellement apprécier Mori, c’est essentiellement à cause de la traduction (non vraiment, une fille aussi intelligente et marginale que Mori n’utiliserait pas des expressions telles que “Rêve, ma poule” ou “pognes”). Sadie, la meilleure amie de Mori est assez exceptionnelle aussi: voyez-vous, pour elle, sortir entre amies signifie aller à la British Library ! Comment ne pas l’aimer ! Et Mycroft ! Il mériterait un roman à lui tout seul.
J’ai aimé la relation qui se crée doucement entre Sherlock et Mori, ils apprennent à se connaitre, à se respecter, s’apprécier – deux marginaux qui trouvent enfin quelqu’un à leur mesure, qui les comprend et les acceptent. C’est subtil, c’est bien mené, c’est beau et ça ne tombe pas dans la guimauve (ceci venant d’une lectrice qui aimerait parfois plus de romans young adult sans histoire d’amour). Ils s’appellent Sherlock Holmes et James Moriarty, mais ils auraient tout aussi bien pu s’appellent David et Charlie, cela n’aurait en rien changé leur merveillosité.
J’ai retrouvé dans Lock & Mori ce qui m’avait tant touchée dans Je t’ai rêvé : cette façon de traiter subtilement et sans pathos d’un sujet grave, ces personnages attachants et profonds, ce sentiment de légèreté qui s’en dégage malgré le sujet. J’ai hâte de me plonger dans le tome 2 ! Mais en VO cette fois, car la traduction ne rend vraiment pas justice au roman de Heather W. Petty.
Lock & Mori de Heather W. Petty – Hachette Romans – 2016
Fait n° 1 : Il y a eu un meurtre à Regent’s Park. La police complètement démunie.
Fait n° 2 : Mademoiselle James « Mori » Moriarty et Sherlock « Lock » Holmes devraient être en train de potasser leurs cours. Au lieu de quoi, ils tombent sur une scène de crime.
Fait n°3 : Lock a lancé un défi à Mori : elle devra résoudre l’affaire avant lui.
Défi accepté.
Fait n° 4 : Même si Lock ne lui a imposé qu’une seule règle – celle de tout partager –, Mori lui dissimule de terribles secrets.
OBSERVATION : Parfois, il est impossible de parler à cœur ouvert avec les personnes dont on se sent le plus proche. Et après cette affaire, Lock pourrait bien perdre la confiance de Mori à tout jamais…
Ah tiens c’est marrant, il y a deux ans j’ai lu une transposition YA de Sherlock Holmes : ça se passe en Australie et les héros s’appellent James Mycroft (Sherlock) et Rachel Watts (Watson) et j’avais bien aimé. C’est aussi une série et le premier tome s’appelle Every Breath – c’est d’Ellie Marney.
Je note Lock & Mori du coup !
Et moi je note cette série d’Ellie Marney dont je n’avais pas entendu parler jusqu’à présent. Je vais mener mon enquête et découvrir ça – merci !