[Réflexion] Et si on pouvait récrire sa « biographie » ?

Il y a quelques semaines, j’ai regardé la captation de la pièce de théâtre Biographie, un jeu, un huit-clos tragicomique captivant, écrit par Max Frisch, qui interroge : Et si on pouvait récrire sa « biographie » ? Revenir dans le temps, à un moment donné, qu’on voudrait changer, corriger ; pour pouvoir faire un autre choix ; prendre une autre voie.

Qui ne s’est jamais demandé : Si c’était à refaire, que changerais-je dans ma vie ? Quel moment voudrais-je revivre et corriger ?  Je suis sûre que vous pensez à cette question aussi souvent que les hommes pensent à l’Empire Romain.

Je n’y fais pas exception. Je me suis notamment demandé ce que ma vie aurait été si mes parents étaient restés au Portugal ; mais c’est une question qui relève bien plus de leur biographie que de la mienne pour valoir de s’y attarder.

Si je pouvais récrire ma biographie, je me contenterais des passages insignifiants dans le grand tourbillon de la vie : je ne me serais pas inscrite au DU de coréen ; je serais allée voir Big Fish au théâtre ; j’aurais choisi un autre siège à On achève bien les chevaux, démarré ma voiture plus fréquemment, étendu mon linge plus tôt, veillé à ne pas acheter mon billet de train en double, évité de prendre un café à cette machine, rentré le parasol avant la tempête… des instantanés sans conséquence à long terme mais que j’aurais aimé vivre différemment sur le moment.

Je ne voudrais rien changer aux événements décisifs, mais j’aimerais forcer le destin pour gagner du temps : prendre certaines décisions plus rapidement, dire certaines choses plus tôt, voire tout court. Des événements qui se seraient inéluctablement passés, dont je connais l’issue finale mais dont j’aurais aimé profiter davantage, plus tôt, plus longtemps.

Est-ce que j’aimerais explorer d’autres voies, d’autres possibilités ? Oui. Non. Peut-être. Je ne sais pas vraiment. Ces choix, ces rencontres, ces événements m’ont amenée à ce présent, ont contribué à faire de moi qui je suis. Et je dois dire que j’aime assez où je suis aujourd’hui et la personne que je suis devenue. Sans être pleinement satisfaite de tout ce vécu, je n’ai pas pour autant de regrets accablants. Tout n’est pas rose, mais de toute façon je préfère le rouge.

Finalement, en ce qui me concerne, la question importante n’est pas tant « Qu’aurais-je changé ? » mais plutôt « Est-ce que j’aurais véritablement changé quelque chose ?« .

3 Comments

  1. J’aime beaucoup ce petit article et les réflexions que tu mènes, et celles qu’il suscite. J’avoue qu’il y a peu, j’aurais sans doute voulu changer plein de choses, mais à présent, j’aurais tendance à te rejoindre sur ta conclusion. Je ne dis pas qu’il n’y a pas quelques traits de caractères que je ne souhaite pas atténuer de temps à autre, mais je commence malgré tout à parvenir à une certaine sérénité et profiter de ma vie telle qu’elle est. (L’aspect rationnel de l’impossibilité du retour en arrière aide aussi à conduire la réflexion : je ne veux pas passer mon temps à regretter des choses qui ne peuvent être modifiées.)

  2. J’aime beaucoup ta conclusion.
    J’ai trop tendance à revivre ce que j’aurais dû faire différemment alors j’admire et j’aspire à cette sorte de sérénité avec laquelle tu considère la question.

    1. Oh il m’aura fallu du temps pour arriver à cette sérénité et accepter que le passé est dans le passé. Le fait d’en parler comme ça sur le blog, de le fixer dans l’écriture est aussi un moyen pour moi de m’en convaincre véritablement et d’affermir cet état d’esprit.

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