Vous êtes mère de famille et en avez marre du métro-boulot-enfants-dodo ?
Devenez espionne.
Hazel Blears, membre du comité d’intelligence et de sécurité a publié il y a quelques jours un rapport dans lequel elle appelle à recruter plus de femmes au sein des agences de renseignements britanniques – le MI5, MI6 et GCHQ.
Dans ce rapport de 63 pages – disponible sur le site de l’ISC – elle explique que les femmes représentent un atout considérable pour les services de renseignement et qu’avec un peu d’organisation, même celles ayant des enfants peuvent reprendre le service actif et les missions sur le terrain. Elle met en avant la vérité universellement reconnue qu’une femme – qui plus est dans les 40-50 ans et/ou mère de famille – éveille beaucoup moins les soupçons qu’un homme. Et quand il s’agit d’espionnage, la meilleure façon de réussir une mission est de passer inaperçu.
Hazel Blears souligne le fait que les femmes représentent 53% des membres de la Fonction Publique, mais seulement 37% des agents de renseignement. Pour pallier ce manque de diversité elle établit un certain nombre de recommandations et insiste notamment sur la question du changement de mentalités : pour que cela fonctionne, il faut arrêter cette mentalité masculine et misogyne et accepter que les femmes, même mères de famille, puissent faire autant sur le terrain que les hommes. Car ces femmes, issues de milieux différents, apportent avec elles une expérience et une approche différentes du métier, ce qui ne peut qu’être un avantage pour l’espionnage.
Pourtant, si j’approuve absolument le rapport, je trouve cela assez malheureux qu’il ait fallu trois ans de recherches et un rapport de 63 pages pour arriver à une telle prise de conscience : Winston Churchill l’avait déjà bien compris en 1942, quand il a accepté que le S.O.E recrute des femmes et les envoie dans les réseaux partout en Europe comme courriers ou opératrices-radio. Les femmes – mariées ou célibataires, jeunes ou moins jeunes, mères ou filles – risquaient déjà leur vie pour récolter des informations, et ce, avec beaucoup de succès.
Certes, une fois la guerre finie, grand nombre d’entre elles furent reléguées aux tâches administratives ou tout simplement à l’entretien de la maison, mais cela est une autre histoire dont on parlera une prochaine fois.
Alors, tentées par l’espionnage ?
A lire aussi :
- 24 heures dans la vie d’une espionne de la DGSE – Le Figaro
- Les femmes et les services secrets – Slate
- MPs say agencies should do more to recruit female spies – BBC News
- Women in the UK Intelligence Community – ISC
- Female spies are ‘bloody good’ – and it’s partly because of sexism – The Guardian
- Churchill’s heroines: How Britain’s female secret agents changed the course of WWII – Sunday Express
- Ma vie dans les services secrets – Noreen Riols (chronique à venir)
Mais c’est vraiment très intéressant !
Comme toi, je trouve ça assez désolant qu’en 2015, donc 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, on en soit encore à ce stade. J’ai comme la sensation que les progrès ne durent qu’un temps. Pendant la guerre, les femmes participaient à l’effort, elles étaient relativement estimées pour leur travail… Depuis, certes, on a globalement dépassé le modèle de la ménagère heureuse, mais les mentalités sont toujours ancrées dans les années 1950, voire pire.
C’est exactement ça ! On ne cesse de parler de ‘modernité’, ‘d’évolution’, mais pourtant, beaucoup ont une encore une mentalité d’après guerre. On a l’impression de reculer, qu’à chaque fois qu’un pas en avant est fait dans l’égalité femmes-hommes, trois pas en arrière sont faits…