Six semaines pour t’oublier – Abby McDonald

Parlons peu mais parlons bien : ce roman est un coup de cœur.

Avec tout ce rose, je pensais me retrouver face à un livre très fleur bleue et prévisible. Et finalement, c’est face à un roman sensible et intelligent que je me suis retrouvée.

J’ai été très agréablement surprise par la justesse des réflexions abordées dans le roman, et tout particulièrement celle qui a trait à combien on peut changer pour un garçon. Combien d’entre vous (nous) ont arrêté de porter un vêtement ou d’aimer un livre/un film/un chanteur parce que Mr Crush n’aimait pas ? Abby McDonald a raison : inconsciemment (ou pas) on est prêtes à devenir quelqu’un d’autre pour plaire à un garçon.

Sadie l’a fait, pendant deux ans : elle a changé de coupe de cheveux, a mis de côté ses DVD « de filles », s’est éloignée de sa meilleure amie, et a fait tout ce que Garrett pensait qu’elle devait faire. Dans l’espoir qu’un jour il arrêterait de la voir comme une simple amie. Sadie était consciente d’avoir changé, mais pas d’à quel point ce changement l’avait « déconnectée » du monde réel. 

J’ai aimé la façon dont elle a pris conscience que cet amour était devenu un vrai problème.
J’ai aimé ses discussions avec Kayla, avec sa mère, avec elle-même.
J’ai aimé comme petit à petit, involontairement et inconsciemment, elle a repris ses esprits. Cela est venu doucement, à coups de téléphone confisqué, de virées en voiture et de journée à la plage – loin de Garrett, Sadie a pu s’ouvrir de nouveau au monde, arrêter de tout faire en fonction des goûts et pensées de Garrett.

Ce n’est sans pas doute voulu, mais je vois Six semaines pour t’oublier comme un roman pro-célibat. Entre Sadie qui prend conscience qu’elle idolâtre un garçon qui ne l’a voit que comme une amie, Kayla qui sélectionne ses potentielles facs non pas en fonction de celles qui l’intéressent, mais de celles qui sont les plus proches de là où ira son copain ou encore la mère de Sadie qui s’est rendue compte un jour que l’amour c’est beau, mais qu’une vie stable c’est mieux, cela donne vraiment à réfléchir sur les relations amoureuses. Est-ce que j’ai vraiment envie de vivre ma vie en fonction des goûts et des couleurs de l’autre ?

Ça peut sembler futile vu comme ça, mais les réflexions abordées n’en sont pas moins importantes et justes – et vont plus loin que simplement les garçons. Comme ce passage sur les « classiques » dont je ne résiste pas à vous mettre un extrait parce que j’aurais pu l’écrire.

Sadie et ses amies Aiko et LuAnn commencent à parler des Smiths et de leurs chansons.

A: Ce n’est pas parce que les gens disent de quelque chose qu’il est bien qu’il faut approuver, par principe. (…)
S: Elles font parties de la culture musicale. Comme les romans ou les films classiques. On ne peut pas faire l’impasse.
L: Pourquoi ?
S: Parce que ! je bredouille. (…) Qu’on les aime ou pas, ils restent importants.
L: Selon qui ?
S: Tout le monde ! (…)
L: Je ne dis pas qu’on a pas le droit d’apprécier ces trucs. Je fais juste remarquer que ton argument nous condamne un peu à passer tout notre temps à lire des livres, regarder des films et écouter de la musique qu’on n’aime pas vraiment.
(…)
S: Crime et Châtiment ? Vous n’allez quand même pas me dire que ce n’est pas un grand livre ?
A : Grand comme tous les classiques ? Ou grand parce qu’il t’a émue, inspirée et contribué à rendre ta vie meilleure ?

Des personnages intéressants et attachants, une histoire plus profonde qu’elle n’en a l’air, un ton juste, une traduction soignée – un coup de cœur vous dis-je !

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