Pendant longtemps, je n’aspirais qu’à partir ; ailleurs, loin. Désormais, si l’ailleurs me fait toujours rêver, il ne me fait plus autant envie. Ce désir d’aventure s’est progressivement estompé, à mesure que je (re)découvrais et apprenais à apprécier les lieux autour de moi.
Quand je voyageais, je tenais à en faire le maximum : chaque minute devait compter et chaque endroit valoir l’effort et l’argent dépensés. Le problème était que, trop souvent, minée par la foule ou la déception (à cause de la météo, de la compagnie…), la frustration prenait le dessus sur l’allégresse ; je n’avais alors plus envie de rien, si ce n’est rentrer chez moi. La fin du séjour m’apparaissait comme une vraie délivrance.
Désormais, je me contente de l’ici, du proche ; d’endroits que je peux explorer le temps d’une journée ou d’un court week-end, de façon spontanée; que je peux quitter rapidement, sans regrets. Des endroits truffés de vieilles pierres et de petites ruelles, que je peux parcourir d’un bout à l’autre à pied, où l’histoire submerge davantage que la foule.
Blois en est un parfait exemple. J’y suis allée pour la première fois l’année dernière à l’occasion des Rendez-vous de l’histoire, et j’en suis revenue avec un profond désir : continuer à explorer les proches environs, avec ma petite voiture. C’est ainsi qu’après tant d’années, j’ai enfin pris le temps d’aller contempler l’escalier à double révolution du Château de Chambord.
J’envisage d’autres destinations : Illiers-Combray (d’autant plus maintenant que La Maison de Tante Léonie a rouvert ses portes), Thiron-Gardais, Chateaudun… Des lieux facilement visitables en un aller-retour sur la journée depuis Chartres (ou Paris), mais que je n’ai jamais pris le temps de découvrir, trop occupée par ces horizons lointains.
La vérité est que j’ai toujours été une personne casanière. Avec le temps, je me rends compte que ces escapades étaient trop en décalage avec ce trait de caractère – trait qui ne cesse de se renforcer depuis que j’ai une maison.
Cicéron l’a bien exprimé :
Si hortum in bibliotheca habes, deerit nihil.
(Si tu as une bibliothèque et un jardin, tu as tout ce dont tu as besoin).
C’est précisément mon cas. J’ai fini par accepter que je prends bien plus de plaisir à lire dans mon jardin et regarder les abeilles butiner qu’à parcourir le globe : j’ai déjà tout un monde à explorer dans mon jardin et ma bibliothèque.
Je te comprends pleinement. Je n’ai pas de jardin mais si j’en avais un, je pense que mon bonheur de lectrice serait total.