Elephant – Gus Van Sant

Lorsque Rémi Gonseau de PriceMinister m’a proposé de participer au concours « Blogueurs, faites votre cinéma« , je me suis dit pourquoi pas. Après avoir longuement hésité entre Elephant et Le Pianiste mon choix s’est finalement porté sur Elephant.

 

Titre : Elephant
Réalisé par : Gus Van Sant
Avec : John Robinson, Alex Frost, Eric Deulen, Elias McConnell, Jordan Taylor…

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Résumé : En ce jour d’automne, les lycéens, comme à leur habitude, partagent leur temps entre cours, football, photographie, potins…. Pour chacun des élèves, le lycée représente une expérience différente, enrichissante ou amicale pour les uns, traumatisante, solitaire ou diffile pour les autres. Cette journée semble ordinaire, et pourtant le drame couve…

Pour tout vous dire, je n’ai jamais été très réceptive aux récompenses cannoises. Aux récompenses en général même. La plupart du temps, je ne comprends pas en quoi tel ou tel film méritait une telle récompense. Elephant n’échappe pas à la règle, même si force est de constater qu’il a ce petit truc qui fait que…

Une chose est sûre, pour apprécier ce film à sa juste valeur, il vaut mieux connaître le contexte. Pas tant de l’histoire, mais plutôt de « création du film ». Par exemple, pour pouvoir apprécier les « personnages », il vaut mieux savoir que les acteurs ne sont pas des acteurs mais essentiellement de simples lycéens qui jouent pour la première fois dans un film. Pour la plupart, ils n’ont même pas eu de texte à apprendre, juste à improviser.

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On suit les différents « personnages » pendant une journée de lycée mais sous différents angles. Ce qui fait que souvent la même scène se répète, mais d’un point de vue différent. Sauf que comme il n’y pas beaucoup de personnages, et encore moins d’action, on a toujours l’impression de voir la même scène, et ça lasse. Heureusement que les scènes ne sont pas répétées les unes après les autres, mais intercalées entre d’autres « journées d’un lycéen ».

Et puis est arrivée une scène : Alex au piano, jouant la Lettre à Elise de Beethoven. Puis Alex et Eric devant un plan de leur lycée avec Alex expliquant à Eric par où ils passeraient en premier, sur qui ils pourraient tomber, et quel est l’endroit où ils pourront le mieux faire un carton. Et là, toute mon attention était portée sur le film. J’étais totalement captivée par ces deux jeunes qui ont décidé de préparer une fusillade. Comme ça, d’un coup, comme s’ils avaient eu une révélation en écoutant la Lettre à Elise. Et qui expliquent leur plan comme si de rien n’était, comme si c’était quelque chose de commun, qu’ils faisaient tous les jours et d’une facilité extrême.

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La musique joue d’ailleurs beaucoup dans cette atmosphère captivante et tragique, et embrouille encore plus le spectateur : personnellement, j’arrive vraiment pas à imaginer et comprendre comment une personne pouvant jouer aussi bien du Beethoven pouvait après ça partir tuer ses camarades de classe. Je crois bien que c’est cet aspect de l’histoire qui m’a le plus marquée, et que sans ça, je pense que j’aurais terminé mon roman en ne laissant le film qu’en fond sonore…

Elephant est directement inspiré de la fusillade qu’il y a eu au lycée de Columbine, en 1999. On pourrait alors s’attendre à un film centré sur les deux responsables, et sur le pourquoi du comment. Et bien, il n’en est rien. Il ne porte aucun jugement, il ne fait qu’énoncer à sa façon les affres de l’adolescence et dénoncer les violences subies par certains au lycée, la facilité de se procurer une arme aux Etats-Unis – Gus Van Sant ne dit rien, il ne fait que montrer. C’est ensuite à nous, à la fin du film, et avec tous les éléments en main, de nous faire notre propre avis. 

Et mon avis quel est-il ?
Que c’est affligeant.
Mais surtout fascinant.

J’avoue ne toujours pas comprendre ce qui lui a valu la Palme D’Or, mais je conseille quand même de le voir. Au moins une fois… ne serait-ce que pour mourir moins bête ! (ouuuuh quelle expression mal placée.)

Merci à PriceMinister pour le DVD et la découverte.

PS : Un mot d’ailleurs sur le DVD en lui-même : j’ai reçu la version cineart.be, avec le livret « Les clefs du film« . Et bien, je remercie beaucoup ce petit livret qui nous apprend plein de choses sur le film et ce qui allait dans l’esprit de Gus Van Sant en le tournant, car comme j’ai dit, pour apprécier vraiment le film, il vaut mieux connaître le contexte. Sans ce petit livret explicatif, je pense que mon avis aurait été bien négatif… (et court, car je n’aurais pas eu grand chose d’intéressant à dire excepté « ça m’a lassé et ennuyé »)

4 Comments

  1. Oui tout à fait, c’est comme je disais, il a ce « petit truc qui fait que » ! Et je vois qu’on a été marquées par la même chose… C’est vraiment fou ce qu’il peut se passer dans la tête des gens…

  2. Heureusement qu’il était là ce petit livret, qu’aurions-nous fait sans lui ? ^^ (Ou plutôt, à côté de quoi serions-nous passées ?!)

  3. J’ai vu le film à la télé il y a quelques années, je me rappelle avoir beaucoup aimé. Il a un petit quelque chose qui le rend fascinant. Après est-ce qu’il mérite ou pas la Palme, je m’en fiche aussi ! 🙂 Ce qui fait peur en voyant ce film c’est comment effectivement deux garçons plutôt bien peuvent décider un jour de tirer sur tout ce qui bouge ?

  4. Moi aussi j’ai trouvé ce livret très intéressant et même essentiel pour bien comprendre le film à sa juste mesure. Car sans explication, je comprends que ce soit difficile d’accrocher. ^^’

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