Roméo et Juliette – Théâtre de la Porte St-Martin

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Je suis donc allée au théâtre voir la pièce de Nicolas Briançon. Malgré quelques choix de mise en scène qui m’ont fait tiquer, dans l’ensemble, j’ai passé une bonne soirée – moins de choses m’ont déplus que dans Le Songe d’une nuit d’été, du même metteur en scène.

Une grande différence cependant: nous étions bien mal placées. Rectification : nous étions bien placées, mais pas pour cette pièce. De nombreux passages de la pièce se passent en bas : les acteurs sont devant la scène. Ce qui fait que les gens dans les balcons supérieurs – à moins d’être au premier rang – ne voient rien ! Avec leurs costumes impeccables et leurs Fedoras, les Montaigu et les Capulet ont des allures de gangsters des années 30. Un peu facile comme mise en contexte mais suffisamment subtile pour que ça n’en devienne pas caricatural. Les décors sont minimalistes mais en parfaite adéquation avec l’atmosphère choisie. Petit regret cependant : il n’y a pas de balcon.

J’ai été très agréablement surprise par Ana Girardot en Juliette. Juliette est, selon moi, un des personnages de Shakespeare les plus difficiles à jouer: elle est tout de même censée n’avoir que 14 ans. L’actrice qui l’interprète doit donc s’efforcer de rendre la candeur et la naïveté de sa jeunesse; et cela Ana Girardot l’a bien compris.

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Niels Schneider m’a bien moins convaincu : j’ai trouvé son Roméo bien trop enfantin – voire, pour citer John Watson, « a drama queen ». Il en va de même pour Valérie Mairesse : je me suis toujours représentée Nourrice comme une femme sage et sensée même dans les instants plus légers. J’ai trouvé que la Nourrice de Valérie Mairesse manquait cruellement de subtilité, elle semble toujours au bord de l’hystérie, aussi bien dans les moments heureux que dans les plus graves. Ceci dit, les deux acteurs sont excellents, le problème vient vraiment de la personnalité choisie pour leurs personnages.

Au final, de tous, je retiendrai surtout la performance de Dimitri Storoge qui joue à la perfection ce Mercutio rebelle et impulsif, plein d’esprit et facétieux, et qui a un profond attachement pour Roméo et n’aime rien de plus que le voir heureux. Mention spéciale aussi à Mas Belsito en Paris et Cédric Zimmerlin en Benvolio.

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Curieusement, c’est dans les scènes muettes que que j’ai senti le plus d’émotion : le plus beau passage de la pièce est la scène du bal, lorsque Paris et Juliette dansent seuls au milieu de la scène et plus tard, lorsque Juliette et Roméo se cherchent dans la foule.

Cependant, bien que la soirée soit passée relativement vite, je me suis ennuyée. Malgré le très bon jeu des acteurs, j’ai trouvé que la pièce manquait d’âme et de romantisme – le suicide de Juliette étant l’énorme point noir de la pièce. Il aurait peut-être fallu songer à construire une stèle plus grande…

Je pense que ma déception vient surtout du fait que je m’attendais clairement à autre chose. Ayant lu ceci comme présentation :

Toute l’attention de la pièce sera concentrée sur ce constat : Roméo et Juliette ne s’aiment pas malgré l’impossibilité de leur relation, mais pour cette impossibilité.

j’espérais une mise en scène qui mettrait en avant ce nouveau point de vue, je voulais voir Roméo et Juliette se mettre ensemble par contradiction plutôt que par amour. Et finalement, j’ai découvert une mise en scène tout ce qu’il y a de plus classique. Dommage.

Alors, est-ce une pièce que je vous conseille ? Et bien oui. Car malgré mes reproches – qui sont purement subjectifs – cette nouvelle adaptation de Roméo et Juliette est très réussie et vous fera passer une belle soirée !

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