La 5e Vague – Rick Yancey

La 5e Vague - Rick Yancey

Je pense que vous allez beaucoup entendre parler de ce roman dans les semaines à venir. Nous sommes plusieurs à avoir reçu les épreuves, beaucoup l’ont déjà pré-commandé et des exemplaires sont mis en jeu sur le Twitter de la Collection R. Il ne fait donc aucun doute qu’il sera très présent sur la blogosphère. Et que les avis positifs vont pleuvoir. Et je vous le dis en toute objectivité : c’est mérité. Je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui perdent toute envie de lire un livre à cause de son omni-présence sur la blogosphère – j’en fais d’ailleurs partie. Aussi, je vous le dis : si cela vous arrive avec La 5ème Vague, passez outre – vous rateriez un grand moment de lecture.

Il y a environ un an et demi, j’ai lu Blackout de Sam Mills. Je l’avais trouvé malsain et éprouvant parce que c’était quelque chose qui pourrait arriver : le gouverment décide d’interdire, réécrire ou brûler certains livres après que des terroristes se soient inspirés d’un roman pour orchestrer un attentat meurtrier. 1984 est réécrit, Harry Potter est interdit (la magie, c’est mal). Cela m’a fait la même chose avec le roman de Rick Yancey : ça peut arriver.

This is the way the world end, Not with a bang but a whimper. [T.S Eliot]

Et c’est ce qui fait la grande force de ce roman : c’est totalement possible. Personne ne croyait aux extra-terrestres, et pourtant, un jour, en 2012, un ravitailleur apparait dans le ciel. Mais il reste là, un point fixe dans le ciel et rien ne se passe. 10 jours plus tard, la 1ère Vague, sous la forme d’une onde éléctromagnétique : plus d’électricité, de communications, de transports. Quelque temps plus tard, la 2ème Vague : tsunamis et tremblements de terre, des milliards de morts. Plus tard encore, la 3ème Vague : pandémie, la Mort Rouge, des milliards de morts. Peu de temps après, la 4ème Vague : les Chasseurs, les Silencieux, chargés de s’occuper des « survivants ». Et puis la 5ème Vague, la pire de toutes à ce jour… que vous découvrirez.

Au milieu de tout ça, Cassie pour Cassiopée, un Ephémère, 16 ans, un M16, 8 ans de karaté derrière elle, un Nounours. Elle a deux règles dans cette nouvelle vie : ne faire confiance à personne et rester seule. Elle a des armes, mais ne sait pas tirer et elle ne veut pas vraimer sauver le monde car il n’y a plus grand chose à sauver. Sa rage de vivre, son « courage de tuer » ne tiennent qu’à une promesse : retrouver Sammy, lui ramener Nounours.

Et il y a aussi Sammy donc – effrayé et seul mais aussi intelligent et courageux. Formidable petit bonhomme de 5 ans – sa soeur a de quoi être fière. Mais il n’est pas si seul que ça : le Soldat Zombie le protège. Je ne vous dirai pas son vrai nom, cela gâcherait la surprise; sachez juste qu’il est à la fois insignifiant et important. J’aime Zombie, je l’admire ! Pour moi il est LE personnage de ce tome, celui qui en a vu le plus, qui en a fait le plus, qui en veut le plus aux Autres. Les passages le concernant sont les plus éprouvants du roman, et m’ont parfois donné envie de refermer le livre.

N’oublions pas Evan, un Requin, 18 ans, celui qui obligera Cassie à renoncer à sa deuxième règle. Un personnage aux « yeux couleur de chocolat fondant », intriguant et intéressant dans le fond, mais pas très original dans la forme (l’ennemi-ami, on connait bien). J’attends de voir ce que son personnage va donner dans la suite. Un petit mot aussi pour Ringer, Poundcake, Teacup et Dumbo : je suis contente qu’ils soient avec Zombie.

Et pour finir, Vosch. Est-il un « infesté » ou juste un traitre, un humain ou un Autre ? On ne sait rien de lui, ni de ses intentions, juste que c’est un tueur, un manipulateur et qu’il a un regard « glacial et bleu comme un lac de montagne ».

Ce premier tome fait 592 pages (bon, 576 si on enlève les pages blanches du début) mais on ne les sent pas. Il se passe tellement de choses et on s’attache tellement aux personnages qu’on tourne les pages encore et encore sans s’en apercevoir. Certains (dont moi) se diront « Oh, encore une histoire avec des adolescents de 16-18 ans ». Oui, certes. Mais ce n’est pas juste parce que c’est un roman young adult à la base (bien au contraire, c’est un roman tout public malgré la violence qui s’en dégage !)(rien à avoir avec Kaleb), mais bien parce que leur âge joue un rôle primordial dans l’histoire, et quand vous découvrirez ce rôle, vous trouverez l’ensemble encore plus angoissant et déprimant (ceci est un compliment).

Rick Yancey a décidé d’écrire son roman du point de vue de plusieurs personnages et si au début c’est un peu perturbant, on se rend vite compte que c’était absolument nécessaire. C’est fascinant cette cohérence et cette manière qu’ont les parties de se faire écho : tous ces personnages sont liés d’une façon ou d’une autre, certains ne se sont jamais rencontrés et pourtant, ils emploient les mêmes mots, les mêmes comparaisons (une histoire d’échecs et de champ de bataille). Par contre, avoir plusieurs points de vue rend la lecture très frustrante : parce que nous on sait ce qu’il se passe ailleurs, et on voudrait pouvoir le dire à Cassie, lui faire savoir que ça va aller, elle peut faire confiance. Mais non, car c’est un livre.

Rick Yancey adapte le ton à chacun des narrateurs, Cassie est plus combative et cassante que Zombie, mais moins violente et déprimée que lui, Evan a quant à lui un ton plus mélancolique tandis que Sammy décrit avec des yeux d’enfants ce qu’il voit. Je dois d’ailleurs dire que la traductrice, Francine Deroyan, a fait un travail de dingue. Elle ne s’est pas contentée de traduire le texte de Rick Yancey mais plutôt de traduire le journal et les pensées de Cassie, Zombie et les autres. J’ai une longue liste de citations marquantes des uns et des Autres...

Le roman de Rick Yancey est à la fois très visuel et psychologique. Il est très facile pour le lecteur non seulement de se représenter les scènes décrites, mais aussi de se mettre à la place des personnages, tout particulièrement Zombie – on doute avec eux, on désespère, on se bat, on survit et puis on espère un peu quand même, avec cette fin douce-amère.

Pour faire comme les « pros », je pourrais résumer le roman ainsi : « Un redoutable page-turner angoissant et intelligent, bourré d’action et d’émotion« .

Mais c’est aussi un roman qui vous marquera et auquel vous continuerez à penser longtemps après avoir tourné la dernière page.

Bref, à lire.

« Je suis celle qui fait face au tueur sans visage dans les bois, sur l’autoroute abandonnée. Je suis celle qui ne s’enfuit pas, qui ne se contente pas de rester là, mais qui affronte ».
[Cassie pour Cassiopée]

La 5e Vague (The 5th Wave) de Rick Yancey | Tome : 1/3 | Robert Laffont / Collection R
Parution le 16 mai.
Résumé
: Ils connaissent notre manière de penser. Ils savent comment nous exterminer. Ils nous ont enlevé toute raison de vivre. Ils viennent maintenant nous arracher ce pour quoi nous sommes prêts à mourir… À l’aube de la 5e Vague, sur une bretelle d’autoroute désertée, Cassie tente de Leur échapper… Eux, ces êtres qui ressemblent trait pour trait aux humains et qui écument la campagne, exécutant quiconque a le malheur de croiser Leur chemin. Eux, qui ont balayé les dernières poches de résistance et dispersé les quelques rescapés… (…)

5 Comments

  1. si y’a pas de cliffangher, je le lirais surement, j’en ai marre de devoir attendre des mois et des mois pour savoir la suite!

  2. C’est une trilogie ! Le tome 1 sort le 7 mai en anglais et le 16 en français, le 2 est quant à lui déjà prévu pour mai 2014. Mais Rick Yancey a eu la gentillesse de ne pas terminer son premier tome sur un cliffhanger. On peut donc facilement refermer celui-là et passer à autre chose, l’attente jusqu’au tome suivant se fera tout en douceur.

  3. Oh mais de rien ! C’est vraiment quelque chose qui m’a marqué pendant toute ma lecture, et c’est tellement rare que j’ai trouvé important de le mentionner 🙂

  4. combien de tomes sont annoncé? le sujet et ton enthousiasme me tentent beaucoup! j’avais lu Blackout aussi je l’avais trouvé intéressant! je note le titre, en tout cas, j’espère pouvoir le lire!

  5. Francine Deroyan

    Merci pour le compliment, Filipa. Et tu as raison, la 5ème Vague on y pense encore longtemps après, même (et surtout) après la traduction.

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